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vendredi 5 septembre 2014

Expérience du mensonge





Voici la lettre d’un groupe de retraités des renseignements américains, adressée à Mme Merkel, qu’ils doivent considérer comme la seule personne qui puisse peut-être avoir encore de l’influence pour éviter que la situation ukrainienne ne tourne en guerre ouverte contre la Russie.

En ce qui me concerne je trouve qu’elle s’adresse aussi bien à ceux qui nous considèrent comme « pro-Poutine » tout simplement parce que, lorsque nous tentons de leur présenter ce que nous considérons comme une vision objective de la situation ukrainienne, nous défendons naturellement la position Russe.

Or, de tels professionnels du renseignement, mûrs et expérimentés, des militaires américains, ne peuvent absolument pas être soupçonnés d’être « pro-Poutine » et pourtant ils arrivent aux mêmes conclusions que nous : L’agressivité occidentale face à la maitrise russe et non l’inverse comme veulent nous le faire croire les médias, les politiques, et donc aussi tous ceux qui refusent de remettre en question la version officielle occidentale.

En vétérans des affaires mondiales, ils conseillent donc aux politiques occidentaux de ne pas trop jouer avec le feu du virtualisme, pour ne pas dire du mensonge, au risque de se brûler, gravement.

Mémorandum pour Angela Merkel, chancelière d’Allemagne

Des Anciens professionnels du renseignement pour la raison (Veteran Intelligence Professionals for Sanity – VIPS)

Sujet : L’Ukraine et l’OTAN

Nous, les soussignés, anciens du renseignement américain, avons pris la décision inhabituelle de vous écrire cette lettre ouverte pour nous assurer que vous puissiez avoir l’opportunité d’être informée de notre vision des choses avant le sommet de l’OTAN des 4 et 5 septembre.

Vous devez savoir, par exemple, que les accusations d’une importante « invasion russe » ne semblent pas soutenues par des renseignements fiables. Ces « renseignements » semblent plutôt suspects, du genre politiquement décidés comme le furent ceux utilisés pour justifier l’attaque américaine de l’Irak il y a 12 ans.

Nous n’avions vu aucune preuve crédible d’armes de destruction massive en Irak à cette époque ; nous ne voyons aucune preuve crédible d’invasion russe maintenant. Il y a 12 ans, l’ancien chancelier Gerhard Schroeder, conscient de la légèreté des preuves sur les armes de destruction massive irakiennes, a refusé de se joindre à l’attaque contre l’Irak. Selon notre point de vue, vous devriez être aussi prudente à propos des déclarations à charge faites par le département d’État américain et les officiels de l’OTAN qui soutiennent la thèse d’une invasion de l’Ukraine par la Russie.

Le président Barack Obama a essayé, le 29 août, de calmer la rhétorique de ses propres hauts diplomates et des médias officiels en décrivant publiquement l’activité récente en Ukraine comme « la continuité de ce qui est en place depuis des mois », plutôt que comme « des changements ».

De toutes façons, Obama n’a qu’un faible contrôle sur les stratèges de son administration qui, malheureusement, ont peu de sens de l’histoire, ne connaissent pas grand-chose à la guerre et pensent que lancer des invectives contre la Russie est un acte politique. Il y a un an, les va-t’en-guerre du département d’État et leurs amis dans les médias ont presque réussi à pousser M. Obama à lancer une importante attaque contre la Syrie en se basant, une fois de plus, sur des « renseignements » qui étaient suspects, pour ne pas dire plus.

Justement à cause de l’importance grandissante et de la confiance apparente en des renseignements que nous pensons être faux, nous craignons que la possibilité que les hostilités dépassent les frontières de l’Ukraine se soit renforcée significativement ces derniers jours. Plus important encore, nous pensons que cette possibilité pourrait évitée, en fonction du degré de judicieux scepticisme que vous et les autres leaders européens pourriez apporter à ce sommet de l’OTAN de la semaine prochaine [des 4 et 5 septembre 2014].

Expérience du mensonge

Nous espérons que vos conseillers vous ont rappelé la crédibilité en dents de scie du secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen. Il nous semble que les discours de Rasmussen continuent à être écrits par Washington. Cela est apparu très clairement la veille de l’invasion de l’Irak quand, en tant que premier ministre danois, il a dit à son parlement : « L’Irak possède des armes de destruction massive. Ce n’est pas seulement quelque chose que nous croyons. Nous le savons ».

Une photo peut valoir mille mots, mais elle peut aussi tromper. Nous avons une expérience considérable dans la collecte, l’analyse et le commentaire de toutes sortes d’images, satellitaires ou autres, de même que d’autres sortes d’informations. Suffisamment pour pouvoir vous dire que les images, présentées par l’OTAN le 28 aout, fournissent une piètre base pour les accusations qui reposent sur elles, pour prétendre à une invasion de l’Ukraine par la Russie. Hélas, elles ressemblent fortement aux images montrées par Colin Powell aux Nations Unies, le 5 février 2003, qui, visiblement, ne prouvaient rien du tout.

Ce même jour, nous avions averti le président Bush que nos anciens collègues analystes étaient « de plus en plus affligés par la politisation du renseignement » et lui avions dit directement que « la présentation de Powell était loin de justifier une guerre » Nous avons prié M. Bush d’élargir la discussion au delà de son cercle de conseillers qui le poussait clairement à une guerre pour laquelle nous ne voyions aucune raison impérieuse et pour laquelle nous envisagions des conséquences imprévues et potentiellement catastrophiques.

Regardez l’Irak d’aujourd’hui. Pire que catastrophique. Bien que le Président Vladimir Poutine ait montré, jusqu’à maintenant, une retenue considérable vis-à-vis du conflit ukrainien, il nous incombe de rappeler que la Russie, elle aussi, peut « secouer et terrifier » [NdT. « Shock and awe » selon la doctrine de l’armée américaine lors de l’invasion de l’Irak en 2003]. Selon notre point de vue, s’il existe la moindre possibilité que ce genre de chose puisse arriver en Europe à cause de l’Ukraine, des dirigeants à l’esprit clair devraient y penser soigneusement.

Si les photos que l’OTAN et les États-Unis ont rendues publiques représentent la meilleure « preuve » disponible d’une invasion par la Russie, nos soupçons grandissent sur le fait qu’un effort important est fourni pour accroître le contentieux afin que, au sommet de l’OTAN, la décision soit prise pour une action contre la Russie, action que celle-ci considérera surement comme provocatrice. « Caveat emptor » * est une expression que vous connaissez certainement. Cela pour dire que l’on devrait toujours être très attentif face à ce que M. Rasmussen, ou même le secrétaire d’État John Kerry, cherche à nous vendre.

Nous osons croire que vos conseillers vous ont gardée informée à propos de la crise ukrainienne depuis le début 2014, ainsi que sur le fait que la possibilité pour l’Ukraine de devenir membre de l’OTAN est un anathème pour le Kremlin. Selon une note, datée du 1 février 2008 (publiée par Wikileaks), de l’ambassade des États-Unis à Moscou pour la secrétaire d’État Condoleeza Rice, le ministre des affaires étrangères Sergey Lavrov appela l’ambassadeur américain William Burns, pour lui expliquer la forte opposition de la Russie à une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.

 Lire la suite ici : http://echelledejacob.blogspot.ca/2014/09/experience-du-mensonge.html

Vu sur : http://www.vineyardsaker.fr/2014/09/04/lettre-veterans-du-renseignement-americain-angela-merkel/