Ceci n’est pas non plus une
image nouvelle, mais si j’apprécie le style aéré qui est pour vous agréable à
lire, je ne suis là pour surprendre ni pour créer une œuvre littéraire, vous
vous en doutez. Ce tunnel est long, si long qu’il ne se mesure pas en
kilomètres, mais plutôt en siècles, en millénaires. Si long que l’on n’a
commencé à en voir la fin que depuis moins de vingt années seulement. Si long
que les êtres qui le parcourent ont fini par oublier qui ils sont, où ils vont.
Une partie de ces êtres ne pourrait même plus dire si elle avance ou si elle
recule.
Dans ces conditions, et
pour briser la monotonie, l’ennui d’un voyage aussi prolongé et apparemment
sans but, des êtres souvent venus de l’ombre ont inventé des distractions
« pour aider à passer le temps », disent-ils. Si au moins on
profitait des galeries placées ça et là pour aller contempler la Nature
environnante, les arbres, les fleurs, les animaux, les étoles, tout ce qui fait
la vrai Vie, pour communier avec elle, on arriverait à garder un peu
d’humanité.
Mais si quelques-uns cherchent
à présent ce contact, l’immense majorité dans les pays dits
« civilisés » reste enfermée dans un tunnel et ne se pose même plus
les questions existentielles qui suscitent des réponses salvatrices. Ils ont la
télévision, la radio, les cinémas, des sons parfois très agressifs qu’ils
appellent « musique », des restaurants où ils se nourrissent souvent
mal de choses mortes ou adultérées. C’est vrai qu’il y a, mélangé à tout cela,
quelques belles images, quelques notions utiles et des vérités, mais au milieu
de tout un mélange de faux principes, fausses idées et techniques destinées à
vous maintenir dans l’oubli de votre vraie identité, à vous garder bien loin de
votre Etre Divin, soumis et disposés à vous laisser exploiter.
Vous ne me croirez
peut-être pas si je vous dis qu’une grande partie des êtres qui circulent dans
ce tunnel n’a même pas encore aperçu la Lumière qui est là, au bout, et qui
marque la fin de ce simulacre de vie. Il serait temps qu’ils la voient, qu’ils
se réveillent de leur longue léthargie, sans quoi ils vont se retrouver en
pleine lumière, éblouis, déboussolés, incapables de trouver des repères et de
voir les guides qui leur montrent le chemin. Il y en aura qui seront tentés de
revenir en arrière, dans la sécurité de leurs habitudes, de leurs distractions
fictives, de leur esclavage, y compris ceux qui se sont battus pour la liberté.
Mais savaient-ils seulement tout ce que ce mot implique ?