La marginalité décrit l’état d’une personne qui
vit en retrait de la société organisée, faute de pouvoir s’y intégrer, de
pouvoir s’y adapter ou d’accepter de se soumettre à ses normes. Ce n’est
pas de tout repos pour un être de la troisième dimension que de se retrouver
dans ce genre de situation, sauf qu’il peut y trouver des avantages de nature à
renforcer sa confiance en lui et son estime de lui-même. L’être marginal,
c’est un être qui accepte d’assumer son originalité propre, ce qui le distingue
des autres et le rend d’autant plus rare et précieux. Il aide à ébranler
les normes trop strictes à rompre la monotonie et à garder le monde en
évolution.
De tous temps, les sociétés ont écarté
(ostracisé) un individu ou un groupe parce que, pour des raisons qui leur
semblaient très justifiables, à leur époque, leur présence représentait une
menace pour le tissu social. Si le phénomène a toujours existé, les
exclus ont varié avec les âges, du fait que les valeurs sur lesquelles reposent
les sociétés n’ont cessé d’évoluer. Ainsi, dans les sociétés tribales, le
sorcier ou «sourcier», le «trouveur de sources», soit le «chercheur spirituel»
a toujours représenté un personnage éminent, craint, mais révéré, tandis que
les sorcières d’Europe occidentale et d’Amérique ont, souvent, fini sur le
bûcher ou autrement.
En général, pour décrire un arc-en-ciel, les gens
lui attribuent les couleurs du spectre, soit : le rouge, l’orangé, le
jaune, le vert, le bleu, l’indigo, le violet et, parfois, le mauve, selon
qu’ils parlent de gamme ou d’octave chromatique. En cela, le mauve permet
de ramener la spirale dans le cercle par la fusion de la première et de la
dernière couleur, le rouge et le violet. Car le mauve, ce n’est jamais
que du violet comprenant une plus forte nuance de rouge. Il s’agit là des
couleurs facilement perceptibles par l’œil humain. Mais tous
conviendront, par leur propre expérience, que chaque couleur comporte bien des
nuances. Même que, si on veut donner un chiffre rond, il est probable que
le spectre chromatique de la troisième dimension comprenne cent quarante-quatre
mille nuances, chacune détenant, malgré sa rareté ou sa faiblesse apparente,
son rôle spécifique. Chacune de ces nuances finit par donner une réalité
particulière dans la réalité concrète. Car, dans l’ordre de la
Manifestation universelle, l’Essence divine de l’Absolu se fait Énergie
cosmique qui se fait tour à tour lumière, son, chaleur, gaz, liquide et
matière. Comme l’ont précisé les Anciens Sages, l’Essence spirituelle
représente l’Éther ou l’Espace, la substance subtile omniprésente qui remplir
tous les interstices et qui s’exprime par les éléments air, feu, eau et terre.
Dans un système où l’Absolu veut se connaître
parfaitement ou valider tous ses concepts relatifs à sa Réalité éternelle, en
se faisant le Sujet qui s’observe lui-même, devenant son propre Objet, il
s’exprime par des réalités apparemment bien cloisonnées, qui ne le sont
pourtant pas, puisque les interstices y sont remplis par ses nuances les plus
subtiles et les plus ténues. Ainsi, jamais il ne pourrait être affirmé
que Dieu ne s’exprime par des opposés apparents diamétralement opposés, mais
parfaitement compatibles et complémentaires. Dieu s’exprime par les
extrêmes du spectre, mais il s’exprime tout autant par toutes les nuances
intermédiaires. De ce fait, dans son Système parfait, il justifie
l’existence de toutes les nuances qui, par leur rareté, apparaissent
erratiques. Par la force des choses, mieux un être accepte et assume sa
marginalité, mieux il rend service au Créateur, forçant les autres, présumément
plus normaux, à s’ouvrir l’esprit et le cœur, à accueillir toutes les réalités
avec la même conscience amoureuse. Dans ce contexte, même l’excentricité
et l’extravagance peuvent avoir du bon, si ces états amènent à s’opposer aux
usages reçus dans ce qu’ils ont de trop rigide et de stagnant.