L’individu semble bien aveugle et démuni quant à son devenir, déléguant souvent le rôle du déterminant à un projet céleste préétabli : “ C’est écrit ! ”. Lecture de signes venus du ciel ou de tout autre support et recherche de règles conditionnant l’impondérable participent donc à des spéculations concernant une organisation qui préside à l’avenir…
De nombreuses traditions drainent ainsi une
anticipation du futur inhérente à des signes codifiés. Tel enfant d’être né
coiffé sera, par exemple, envisagé sous le ciel de la chance. Lecture des
lignes de la main ou présages, comme le vol de corbeau, gardent aussi un poids
certain dans les traditions. On note de plus que les légendes ou les contes
fourmillent de prédications, le plus souvent funestes ; il en est ainsi des
oracles de Delphes qui signent le destin d’Oedipe, avec Tirésias qui lui révèle
ses actes involontaires. La belle au bois dormant est soumise – quant à elle –
à l’augure d’une sorcière mécontente, qui sera atténué, comme souvent dans les
contes, par un renversement de situation. La place des oracles dans les
diverses habitudes marque donc l’intérêt de chaque être pour son avenir. De son
côté, si la Providence inscrit les individus dans un gouvernement divin, et
qu’il faudrait de fait accepter les choses telles qu’elles se produisent, il
n’en demeure pas moins que notre rôle dans le monde nous préoccupe en
permanence. Il ne s’agit d’ailleurs pas tant de savoir par “ qui ” mais,
plutôt, “ à quoi ” et “ pour quoi ” chacun est “ appelé ”.
Un large champ
d’interprétations
C’est parfois les coïncidences de l’existence, voire les épreuves, dans leurs effets de compréhension après-coup, qui tendent à imposer l’idée que la destinée n’est pas jouée aux dés ou soumise à un pur hasard. Les connexions que chacun peut trouver, comme par exemple dans ses caractéristiques zodiacales, sont parfois troublantes et il n’est pas rare qu’une difficulté transitoire nous permette quelque temps après d’adopter une nouvelle perspective : que penser, ainsi, de ce retard inopportun qui nous permet d’échapper à un accident ? D’où que viennent hypothétiquement ces signes du destin, ils peuvent être perçus comme des causes influençant le sujet dans ses caractéristiques de vie ou comme l’effet d’une dimension supérieure ayant un impact sur l’existence. De plus, il est notable que l’inscription initiale de la destinée semble souvent prendre sa source en amont ou au moment de la naissance : c’est l’oracle fait à Laïos avant la conception d’Oedipe qui signera son destin. Il en est de même pour Narcisse dont Tirésias prédit qu’il vivra vieux s’il ne se mire jamais. Les thèmes astraux et les signes astrologiques associent, quant à eux, les caractéristiques individuelles ou les événements probables d’une vie en fonction du lieu et de la date de naissance. Freud suggère, de son côté, que “l’anatomie, c’est le destin !”, resituant le sujet du désir dans sa sexuation, soit son corps réel, tout en laissant là au lecteur un large champ d’interprétations : il ne mentionne pas, en effet, de quel être l’anatomie scelle l’avenir de l’individu. Le fantasme se construisant toujours en relation avec quelque chose de réel, donc de physiologique, on peut supposer, entre autres, que l’anatomie de la mère ne soit pas pour rien dans la destinée du sujet…
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