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dimanche 8 juin 2014

Guy Corneau : « La maladie nous demande un effort amoureux »



Quelles sont nos capacités de réparation intérieures, et comment pouvons-nous nous connecter à elles afin de nous guérir ? D’après Guy Corneau, survivant d’un cancer, il nous faut commencer par renouer un lien d’amour et de joie avec nous-mêmes.


Psychanalyste québécois formé à l’Institut Carl Gustav Jung de Zurich, bien connu du grand public, Guy Corneau a été diagnostiqué en 2007 d’un cancer de grade 4, potentiellement terminal. Suivant différents traitements pour se soigner, à la fois conventionnels et holistiques, il a surtout contacté à travers cette épreuve la profonde nécessité de se reconnecter à la vie créative. Puissamment humain, son récit a impacté le public du congrès Nouvelle approche du vivant de Quantique Planète en novembre 2013. Témoin légitime qu’une guérison est possible, Guy Corneau nous parle de cet effort amoureux envers nous-même, que la maladie nous invite à faire.

Vous parlez de la maladie comme d’un signal pour nous réveiller à la vie

Oui. La maladie vient nous déranger et nous cherchons bien sûr à la guérir. Mais nous ne pouvons pas changer une chose en nous-mêmes, si nous ne sommes pas tout d’abord capables de la respecter et d’être à l’écoute de ce qu’elle veut dire. Qu’est-ce que la maladie vient éclairer ? Souvent elle parle d’une partie en soi que nous avons abandonnée, d’une partie de notre élan créateur qui est négligée, pour toutes sortes de raisons. Et si à la longue ces éléments-là ne sont pas écoutés, bien sûr ils se transforment en maladie pour que nous puissions les ressentir avec un peu plus d’acuité.
Donc je parle de la maladie comme faisant partie de la santé, comme une parole de l’intelligence intérieure, mais aussi universelle, qui vient nous interpeller. Car la maladie parle de toutes sortes de choses, de nos zones de fragilités personnelles certes, mais aussi de notre environnement, de nos lignées familiales et de la relation que nous entretenons avec tout ça. Les épreuves m’ont par exemple permis de trouver des ressources, autant extérieures qu’intérieures, que j’ignorais complètement. Notre corps est donc comme un témoin de notre union ou de notre désunion avec la vie. Il témoigne de notre rapport ou de notre absence de rapport avec l’unité fondamentale qui sous-tend notre monde. Les maladies sont des invitations à des retrouvailles avec la sensation, pas juste le savoir, mais la sensation, d’une union avec la vie en nous et autour de nous.


Qu’en est-il de nos capacités d’auto-guérison ?

J’ai découvert, à travers le cancer, que rien ne pouvait me sauver de moi-même. J’ai eu à sortir d’une attente irréaliste et magique, celle que la chimiothérapie, les médicaments, mon acupuncteur, mon homéopathe, mon énergéticien, mon tai chi, pouvaient me sauver. J’ai avant tout compris que toutes ces approches rassemblées constituaient un environnement soignant, favorable à l’éveil du médecin intérieur en moi. L’environnement soignant est absolument nécessaire pour stimuler nos mécanismes d’auto-réparation, mais il est important de prendre conscience que ces mécanismes viennent de l’intérieur. Les mécanismes de guérison sont constamment là, prêts à nous aider. Il n’y a pas besoin de les inventer. Tout en nous veut guérir et tout veut se régénérer. Il s’agit d’accompagner de notre volonté, de nos intentions conscientes, ce que la nature fait déjà.
Notre état intérieur est donc primordial dans cette remise en santé, pour ce processus de régénération. J’ai vu l’importance de renouer avec une présence à moi-même beaucoup plus respectueuse, tendre, qui amène inévitablement de la joie. Et c’est cette joie intérieure qui guérit. Elle donne le message à nos cellules qu’il y a de la vie, et nos cellules répondent en fabriquant de l’immunité, parce qu’elles veulent vivre.