Monsanto
pensait bien voir son projet aboutir en Argentine. Le numéro un sur le marché
des semences génétiquement modifiées avait, à vrai dire, mis le paquet : un investissement de
160 millions de dollars et la perspective de créer quelque quatre cents emplois
dans une des régions les plus pauvres du pays. L’urgence sociale, selon les
dirigeants de la multinationale, aurait dû faire taire les protestations.
Mais les choses ont pris une tournure pour le moins inattendue.
Les
habitants de Malvinas Argentina et des groupes de protection de l'environnement ont réussi à obtenir de la justice que leurs revendications soient entendues.
En effet, les travaux entrepris par Monsanto sont pour le moment arrêtés tant
qu’un rapport n’aura pas prouvé la non-dangerosité de ses produits sur l'environnement.
Mieux, la pression sociale commencée il y a quelques mois a conduit le
gouvernement provincial à revenir sur le projet-même de l’entreprise. Federico
Mavciocchi, avocat de l’association "Malvinas lucha por la vida" est très clair :
« nombre d’études ont déjà été menées et toutes mettent en évidence
les dangers que Monsanto représente pour l’environnement. On peut parler de
contamination ».
Le
mouvement contre Monsanto gagne des forces en Amérique latine
ainsi que dans les Caraïbes
: les mouvements et les populations locales, en Argentine mais aussi en Haïti,
au Brésil et au Pérou, luttent pour l’interdiction des OGM et des
pesticides et pour un contrôle local indépendant des semences et de l'agriculture. Les petits paysans se trouvent aujourd'hui aux premières lignes de la bataille contre l'augmentation des cultures transgéniques, puisque
ce sont eux qui poussent vers la souveraineté alimentaire et la mettent en
pratique. Le modèle agricole néo-libéral pourrait être supplanté si le modèle
d’agriculture familiale, qui actuellement produit la plus grande partie de l'alimentation en Amérique latine, recevait les investissements publics destinés aux
entreprises agricoles industrielles pour les cultures de canne à sucre, pour
l’éthanol, pour le soja et autres monocultures agro-industrielles.