Sur bien d’autres planètes, l’éducation n’est nullement
dirigée depuis le sommet d’un État, n’est nullement uniformisée, et chaque
village, chaque école suit ses proches approches et méthodes. Et ce n’est pas
un problème de changer d’école.
Les êtres sont adaptables. Et ceux qui le sont
moins mettent tout simplement davantage de temps à apprendre. Est-ce un drame ?
(Un drame est l’art de rendre compliquée une situation qui resterait claire et
acceptée sans l’intervention de sentiments négatifs et de désirs égoïstes). Sur
bien d’autres planètes, l’école n’est pas imposée, l’école est ludique, et
l’élève demande de lui-même à y aller. Sur bien d’autres planètes, l’éducation
est responsabilité de chacun avant celle d’un système et chaque apprenti,
chaque élève, chaque étudiant y est considéré pour lui-même comme un être
responsable à part entière en tant qu’âme incarnée. Sur bien d’autres planètes
enfin, on adapte au mieux l’enseignement aux élèves et à leurs différences,
faisant en sorte que chaque élève s’y développe au maximum de ses possibilités
et puisse exprimer, une fois parvenu à l’âge adulte, le meilleur de son
potentiel.
Sur la Terre, on cherche au contraire actuellement
à uniformiser les élèves sous le prétexte qu’ils doivent tous être égaux. Le
concept d’égalité est sur Sol 4 enseigné de manière incroyablement dénaturée,
sachant que dans l’univers il n’existe pas deux êtres rigoureusement égaux ou
identiques. Même deux atomes distincts ne sont pas identiques ; ils ont
notamment chacun leur individualité propre. L’égalité ne peut tout au plus
concerner que certaines propriétés ou caractéristiques des êtres et des
systèmes organisés, comme les dimensions, la masse, la couleur, le pouvoir
d’absorption, le nombre de composantes de nature donnée, ou encore la charge
électrique. Et encore, il s’agit en fait souvent bien davantage de similarité
que d’égalité.
Le concept d’égalité amène obligatoirement celui
de différence et dans le cas d’une civilisation il contribue à l’accentuation
des ségrégations, du racisme (encore un concept typiquement humain), et des
injustices. Ce qui n’est que très peu enseigné sur la Terre, c’est la notion de
dépassement des dualités illusoires qui proviennent toutes d’un excès
d’intellectualisation et de rationalisation de la réalité. Les dualités telles
égalité/différence, bien/mal, introverti/extraverti ou encore
immanent/transcendant ne proviennent que d’une appréciation très partielle des
choses. Entre le bien et le mal, comme entre l’égalité et la différence,
existent une infinité de situations intermédiaires qui ne sont généralement pas
appréhendées par le mental des hommes. Il leur est généralement par exemple
inconcevable qu’un être puisse avoir simultanément une nature immanente et une
nature transcendante ou que l’on puisse être simultanément introverti et
extraverti et que finalement tout dépend du référentiel ou point d’observation.
Pourtant, le blanc et le noir ne restent séparés que tant que l’on ne perçoit
pas le nombre quasi infini de nuances de gris qui font le lien entre les deux
extrêmes.
Tout dans l’univers existe en terme de relativité
et de relations. Nulle composante de l’univers n’existe indépendamment des
autres. Chaque entité est en relation avec les autres, que cette relation soit
consciente ou non ne changeant rien au fait. À partir du moment où une relation
existe, le relatif aussi.. Les êtres humains de Sol 4 doivent encore apprendre
à considérer chaque relation comme une continuité entre deux êtres distincts.
Si l’un est par exemple rouge et l’autre vert, ils ne sont pas différents, mais
seulement reliés par une ligne qui passe progressivement du rouge au vert (et
bien entendu du vert au rouge, dans l’autre sens).
Sur Sol 4, la recherche de l’égalité dans les
systèmes scolaires et éducatifs conduit à un nivellement qui amène les
individus les plus avancés à végéter pendant que les moins doués a priori n’ont
pas la possibilité d’apprendre à leur rythme plus lent et en des termes qui
leur conviennent. Les deux catégories, les surdoués et les sous-doués, comme on
tend à les percevoir là-bas, deviennent trop souvent des éléments perturbateurs
du système qui font que les élèves intermédiaires, ceux autour desquels on
nivelle, ne peuvent plus à leur tour bénéficier dans de bonnes conditions des
enseignements prodigués.
Par leur obsession de ne pas vouloir introduire
de différences entre les élèves, les professeurs et leurs systèmes ne font
qu’aggraver les conditions matérielles de leur enseignement et diminuer
le niveau global d’enrichissement et de développement des élèves. Bien
évidemment, comme il a déjà été pensé, ceci est le résultat d’un plan des
dragons et n’est nullement fortuit. Quel homme suffisamment lucide et
objectivement observateur pourrait continuer à croire que l’uniformité des
problèmes du milieu scolaire et éducatif dans toutes les régions terrestres du
monde puissent découler du seul hasard ?