mardi 25 novembre 2014

Faire avec, accompagner en douceur



Dans ce monde de dualité, tout peut basculer d’une minute à l’autre, la mort est au bout du chemin et on ne sait pas quand elle nous tombera dessus. Voilà le contexte dans lequel nous arrivons lorsque nous venons expérimenter l'incarnation. Nous entrons dans un monde où les énergies sont polarisées, étirées à l’extrême. Notre propre constitution en tant qu’humain divin est complexe et contradictoire.
Tout nous montre, à travers nos sens, la société, que nous sommes individualisés et séparés de l’extérieur. L’autre est un ennemi potentiel dont il faut nous protéger. Toute la société est organisée selon ce principe d’insécurité, de division et de hiérarchie. 

Tout naturellement, quand nous grandissons, nous rentrons dans le cadre afin d’être intégré. Malgré tout, malgré le confort matériel, malgré notre compréhension accrue de l’humain et le fait que nous rangions tout par catégories selon des critères de valeur définies par nos croyances, notre cœur nous crie qu’il souffre et qu’il a besoin d’amour. 


Selon nos préférences mais surtout nos blessures, nous allons construire notre personnalité par attraction/répulsion établissant ainsi un modèle à suivre. Nous passons notre vie à nous conformer à nos croyances qui évoluent au fil des expériences. Si nous rencontrons le succès, si notre image colle au modèle, nous allons croire que nous contrôlons notre vie mais nous ne sommes malgré tout pas satisfaits et continuons de poursuivre un idéal, nos rêves, toujours à la recherche de quelque chose de nouveau pour alimenter notre curiosité et notre besoin d’expansion. Malgré ces bonheurs éphémères et superficiels, quelque chose en nous murmure, essaie de nous ramener au cœur, de nous rappeler notre origine divine, notre essence vitale, sa nature, notre vraie nature.

Il faut pourtant qu’une crise nous bouscule suffisamment, remette en question notre façon d’être pour que nous nous tournions vers notre cœur. Il faut que nous soyons terrassés, que la personnalité soit choquée, ébranlée pour que nous soyons à l’écoute de notre monde intérieur. Que la vie nous ramène à vivre des situations difficiles pour que nous osions ou soyons obligés de nous remettre en question.
Au niveau sociétal c’est le même processus qui nous amène à constater que nous faisons fausse route. Il nous a fallu arriver à la limite de l’extinction pour oser douter de la pertinence du capitalisme et de la croissance. Accumuler les incarnations pour comprendre que la personnalité n’est pas ce que nous sommes en vérité et que ses stratégies sont destructrices.

Nous nous rebellons contre les injustices du monde alors qu’elles ne sont que la projection de notre propre comportement vis-à-vis de notre monde intérieur. Nous sommes arrivés à comprendre que le cœur est intelligent et qu’en le suivant, nous trouvons la joie, la paix et la liberté mais nous ne sommes pas encore capables de le vivre. Du moins nous tentons de le comprendre à travers notre vision duelle, par notre intellect. Le problème c’est que sa vision se limite au jugement, à la comparaison, à la classification en «bien » et « mal ». Cette notion induit un comportement automatique d’exclusion qui perpétue l’idée d’être isolé, séparé du reste du monde. Là encore, c’est la projection de ce que nous vivons en dedans.

Nous savons que nous avons le pouvoir de choisir l’objet de notre focalisation, de porter notre attention sur ce que nous préférons et ainsi d’agir sur notre humeur, nos émotions, de ne plus les subir mais de les susciter. C’est une vérité que je ne conteste pas mais qui continue de nous maintenir dans le mental et ses stratégies. 
L’ego est très utile mais il est radical et excessif. Comme sa façon de concevoir la vie se base sur la notion de prédation, de division, sur la peur et les moyens de la traiter par exclusion, la sensation de manque, d’incomplétude et d’isolement amplifient à mesure qu’on avance sur le chemin de l’introspection.

Quand on comprend que notre bien-être est conditionné par nos croyances, on va naturellement faire le tri dans celles-ci comme nous continuons de regarder et de raisonner à partir de l’ego. Nos aspirations à faire notre place dans le monde seront détournées pour nourrir notre besoin d’évolution. On délaissera peu à peu l’aspect matériel des choses pour se tourner vers la spiritualité. Mais, on continue encore de se fixer un modèle, un objectif selon les stratégies de l’ego. On n’est plus le guerrier qui défend son territoire mais on endosse le costume du guerrier de lumière. 

L’ego spirituel ou Soi supérieur vient diriger notre vie en écartant celui qui sera désormais qualifié d’ego inférieur. Disons plutôt qu’on va s’identifier à l’aspect intérieur qui a des « buts élevés » comme on se plait à dire. Cet aspect qui selon l’entendement du mental est supérieur, est perçu comme un maitre que l’on va suivre. 

Mais tant que notre foi repose sur des croyances, on s’identifie à l’aspect de soi qu’on pense meilleur. On continue de trier, d’évincer, de vouloir afficher un comportement supposé être le bon. Tout ceci n’est qu’un enfermement, un déconditionnement puis un reconditionnement. L’énergie qui dirige est encore celle de la peur, et les réponses sont toujours celles qui divisent, excluent et rejettent.

Peu à peu dans le désir de transparence que les énergies de la source amplifient par ses ajustements énergétiques cosmique et terrestre, on voit que ces stratégies ne nous mènent pas au bonheur. Alors on accusera l’ego spirituel de la même façon qu’on a condamné le petit ego.
Malgré tout, quelque chose en soi continue de nous amener à revenir au cœur, à essayer de voir avec ses yeux. Quand en plus on expérimente l’accueil de ce qui est, qu’on goûte la paix et la joie subtile, on comprend que la solution est dans l’acceptation de ce qui est. 

Mais la compréhension n’est pas la guérison. Au contraire, bien souvent elle nous amène à vouloir contrôler encore plus et ainsi nous enferme et nous divise intérieurement. Nous sommes divisés entre la connaissance de nos capacités et le constat douloureux de nos limites.

Vivre à partir du cœur est totalement inconnu pour nous. Nous avons une idée de l’amour et du cœur qui nous empêchent de le connaitre vraiment. 
La seule façon de savoir c’est de s’y loger, d’en faire l’expérience en soi. 
On passe d’une compréhension logique basée sur la peur à une sensation de paix et de joie qui donne envie de s’abandonner à l’intelligence du cœur.

Le mental ne peut pas comprendre la logique du cœur. Même si on a libéré bon nombre de peurs, celle de l’inconnu demeure. Nous sommes arrivés au stade ou nous comprenons comment nous fonctionnons, où nous voyons les stratégies de l'ego. On comprend que l’enfant intérieur a besoin de guérir, que l'identification à l’ego nous éloigne du cœur, que les autres nous renvoient nos croyances inconscientes. 


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